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La France : onusienne ou antiaméricaine ?

Preuves à l'appui, Jean-François Revel démontre que contrairement aux apparences et aux démentis variés, "La France n'est pas onusienne, elle est antiaméricaine!" Répondant aux questions de Baudouin Bollaert et Jean de Belot dans Le Figaro du 8 septembre 2003, tant à propos de l'intervention en Irak que des altermondialistes, l'immortel de l'Académie française passe en revue l'actualité. (Les parties de phrase soulignées l'ont été par moi.)
L'expression « camp de la paix » m'a toujours fait sourire. Avez-vous vu les manifestants qui en font partie se mobiliser contre le génocide qui se déroule au Soudan depuis près de 20 ans et qui a fait plus d'un million de morts ? Ou contre les massacres en série qui se sont déroulés en Sierra Leone ou au Liberia ? Ce ne sont pas des manifestants pour la paix mais des manifestants antiaméricains.

Dans le charmant vocabulaire politique français, on traite Tony Blair de « caniche de Washington » et on multiplie les déclarations arrogantes à l'égard de l'Espagne, de l'Italie, de la Pologne et des autres pays du Vieux Continent qui ont suivi les Américains. C'est la façon délicieuse dont nous méprisons les autres membres de l'Union européenne.

À la question, "Que doit faire aujourd'hui la France aux offres de partage des rôles faites par les Etats-Unis ?", Revel répond que

Logiquement, la France devrait répondre oui au Conseil de sécurité parce qu'on ne peut pas à la fois reprocher aux Américains leur prétendu unilatéralisme et refuser leurs propositions quand il s'agit d'offres multilatérales. Mais ça n'en prend pas le chemin. Le problème est que la position française est [contrairement à ce que l'on croit et ce que l'on clame] moins onusienne qu'antiaméricaine.

Le chroniqueur du Point s'explique :

Les Américains n'auraient pas demandé mieux que d'accepter un partage des responsabilités si la France n'avait pas menacé de brandir son veto au Conseil de sécurité. [Mais] Notre ministre des Affaires étrangères s'est transformé en commis voyageur, en Afrique notamment, pour inciter à voter contre les États-Unis. Ce fut une faute de goût considérable. Autant la France avait le droit de dire « non, je n'approuve pas l'intervention militaire pour le moment et je ne m'y associerai pas », autant elle n'aurait pas dû se muer en centrale de propagande antiaméricaine

Dire que l'Amérique s'enlise, c'est un peu un lieu commun. On l'a déjà dit au début de la guerre, or celle-ci n'a duré que trois semaines. … contrairement à ce que dit ici ou là, les troupes américaines au départ ont été bien accueillies, elles ont même été acclamées par la population irakienne.

À la question s'il n'était pas gêné par le fait qu'on ne trouve pas d'armes de destruction massive en Irak, Revel répond que

Il est pourtant certain que Saddam Hussein en avait : c'est bien avec des gaz et des armes biologiques qu'il a exterminé les Kurdes et les chiites au début des années 90. Comme on n'avait pas la preuve que Saddam Hussein s'était débarrassé de ses armes, la prudence élémentaire, alors qu'il refusait de jouer le jeu, était donc d'intervenir : c'est l'application du principe de précaution. Si nous autres Européens vénérons le principe de précaution quand il s'agit de la vache [folle] pourquoi ne pas l'appliquer lorsqu'il s'agit d'un dictateur ?

Dans ce long interview (2003 mots), le chevalier de la Légion d'honneur s'explique aussi sur les altermondialistes :

L'autocritique fait partie de la démocratie, par définition. Comment pourrait-elle se corriger autrement ? Mais cette lassitude dont vous me parlez [vis-à-vis du modèle occidental] me laisse un peu sceptique. Car en démocratie on a toujours intérêt à se déclarer insatisfait pour grapiller quelque chose. En France, par exemple, ce sont les catégories sociales les plus favorisées — celles qui travaillent pour l'État — qui récriminent le plus. Le propre des démocraties est donc de secréter l'expression de mécontentement. Personne n'a la naïveté de se déclarer satisfait de son sort.
Il y a neuf ans exactement, en fait, Revel écrivait déjà (dans Le Point) :
Partout, les dépenses sociales justifiées servent de cheval de Troie à des groupes de pression qui se couvrent du masque de la solidarité pour extorquer au pouvoir politique des privilèges injustifiés. C'est au contribuable anonyme de les payer… une partie de ces acquis sociaux sont des privilèges antisociaux. Tout l'art du marché politique consiste, au nom de la justice, à surtaxer la partie inorganisée des citoyens pour surindemniser l'autre … En fait de justice sociale, les malins qui ont abusé de la solidarité précipitent dans la détresse les faibles qui en avaient vraiment besoin.


© Le Figaro

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